Comment se lancer dans la simplicité volontaire 3 étapes

Simplicité volontaire : Et si c’était la clé d’une vie plus harmonieuse ?

Note : Cet article a été publié dans le magazine Biocontact à l’été 2020 (n°314 – Déconfinement, nouveau départ – disponible en version papier et numérique). C’est pourquoi le ton et le style de l’article est différent des autres publications du blog. 

Si le quotidien avait tendance à plonger les citoyens dans une routine aveugle, le confinement a tout bouleversé.

Désormais, nul ne peut ignorer la réalité du monde, et celle-ci plait de moins en moins.

Certains ont déjà commencé à construire une vie différente, loin des excès de la société de consommation.

la simplicité volontaire face à la surconsommation

Population confinée. Économie à l’arrêt. Chômage partiel massif.

La pandémie du Covid-19 a envoyé un signal fort à l’humanité, soulevant au passage toutes les incohérences de son mode de vie moderne.

Cette épreuve est peut-être l’occasion ou jamais de changer ses comportements et parfois même, sa vie toute entière.

C’est ce que font déjà des milliers de personnes à travers le monde, en appliquant les préceptes de la simplicité volontaire.

Mais comment opérer ce virage ? Pour quels résultats au quotidien ? Et comment résister au chant des sirènes de la consommation ?

Un mouvement qui n’est pas nouveau

Selon l’auteur Philippe Lahille, les philosophes grecs de l’antiquité en seraient les précurseurs. Mais la simplicité volontaire a vraiment décollé dans les années 80, aux États-Unis d’abord, puis au Québec 10 ans plus tard.

Embrasser ce mouvement, c’est adopter une vie en accord avec soi. C’est se recentrer sur l’essentiel et réduire sa consommation, ses possessions et son impact sur la planète.

Loin d’un simple retour en arrière, c’est une véritable philosophie de vie. Car en supprimant tout le superflu, on fait de la place pour renouer avec ses désirs profonds.

Toutefois les règles ne sont pas figées.

Chacun est libre d’appliquer cette démarche à son échelle et là où il le souhaite. Le but n’est pas de se créer de nouvelles contraintes, mais de se sentir bien dans sa tête, dans son corps et dans ses actes.

Un appel plus fort que jamais

La crise du coronavirus a révélé la vraie face du monde.

Celle où les chaînes d’approvisionnement ne sont plus assurées lorsque la Chine, usine du monde, est touchée.

Celle où les grandes métropoles respirent lorsque les productions industrielles s’arrêtent et que le trafic routier ralentit.

Celle où la nature revit lorsque la pression humaine diminue.

Ces constats, et bien d’autres encore, font prendre conscience de l’absurdité d’une croissance illimitée à bas coût et de la consommation à outrance. Pour beaucoup, ce monde n’a pas de sens. Il ne leur convient plus et ne leur correspond plus.

Mais les habitudes ont la vie dure et la publicité omniprésente. Alors avant d’opérer ce virage, une prise de conscience s’impose.

Abondance et superflu rendent-ils heureux ?

D’après un article de France Culture paru en 2018, les français sont exposés à 1200 messages publicitaires par jour. Le marketing trouve sans arrêt de belles histoires à raconter pour faire consommer plus, toujours plus.

Les consommateurs n’ont alors qu’une idée en tête, acheter. Autrement, ils ont l’impression de manquer de quelque chose pour être comblé.

Et c’est là que le bât blesse, car les collections se renouvellent sans cesse. Les nouveautés sortent chaque année et le marketing, lui, ne dort jamais.

Il n’y a pas de mal à consommer, ni même à se faire plaisir, mais cela cache parfois une façon inconsciente de remplir un vide.

Pourtant, la consommation à outrance ne rendra jamais heureux. Voici pourquoi.

Le piège invisible de la surconsommation

Comme le souligne Laurent Levy, auteur du livre « Le choix de la joie », désirer une chose matérielle à tout prix, c’est déclarer sans s’en apercevoir que son bonheur réside dans un objet.

Malheureusement, la joie procurée par de nouvelles acquisitions est passagère.

D’abord parce que l’être humain sera toujours attiré par la nouveauté et ce qu’il ne possède pas déjà. Mais aussi de par sa tendance naturelle à consommer plus, pas moins.

En surfant sur les désirs et les besoins des individus, le marketing et la publicité véhiculent un état de manque perpétuel que le matérialisme viendrait combler.

Pour Laurent Levy, cet état de manque n’est pas négatif. C’est avant tout un signe que le bonheur ne se trouve pas dans ses acquisitions.

Mais alors, où se cache-t-il ?

D’après Bruno Lallement, auteur et conférencier, ce n’est pas d’avoir plus qui rend plus heureux, c’est avant tout une question d’état d’esprit.

La clé du mieux-être ne se trouverait donc pas dans l’habitude de consommer, mais dans sa façon de prendre la vie, dans les expériences et le partage.

Ce changement de regard modifie en profondeur son rapport aux biens matériels. Et ça tombe bien, car les effets bénéfiques de la consommation sur le bien-être ne sont pas toujours vérifiés.

Le shopping, bon pour le stress ?

Certains trouvent dans les achats une forme de thérapie pour mieux traverser les périodes difficiles de la vie. Mais une étude menée par l’université de l’état du Michigan tend à démontrer le contraire.

Les « dépenses compulsives et impulsives sont susceptibles de produire davantage de stress et de diminuer le bien-être », indique Ayalla Ruvio, chercheuse et professeure adjointe de marketing. « Le matérialisme semble essentiellement aggraver les mauvais traitements » ajoute-t-elle.

Dans les situations courantes du quotidien, le matérialisme a là aussi tendance à compliquer l’existence.

Les crédits à la consommation, facilités de paiement, offres spéciales et règlements différés poussent à l’achat, entraînant une spirale de l’endettement qui à son tour génère de l’anxiété. Sans compter la charge mentale due à l’encombrement d’objets et au temps passé à rechercher, comparer et acheter.

Là encore, la simplicité volontaire amène un vent d’air frais et montre toute son utilité. Il ne s’agit pas de vider sa vie ou de l’appauvrir, mais de faire de l’espace pour ce qui compte vraiment.

Mettre en lumière ses besoins essentiels

Avant de simplifier, il est bon d’identifier les choses les plus importantes pour soi, explique Leo Babauta, adepte du minimalisme.

Pour lui, c’est avant tout sa famille, l’écriture, aider les gens, lire et courir.

Pour trouver ses essentiels, il invite à noter sur papier tout ce qu’on fait dans sa vie, tous ses engagements. Y compris les choses qu’on aimerait faire si on avait le temps. Après quoi, on extrait de cette liste les 4 à 5 choses qu’on aime le plus.

Il est de fait assez fréquent de se perdre dans des activités qui ne sont pas si importantes pour soi, tant le quotidien déborde de possessions, d’engagements et d’habitudes jamais remises en question. Ce premier pas permet justement de se recentrer sur ses priorités.

Mais encore faut-il se libérer des distractions qui empêchent de s’y consacrer, comme la publicité.

Là aussi, des solutions existent.

Comment résister à la pression commerciale en 2020 ?

Il est difficile de ne pas succomber à la tentation de ce qui paraît nouveau, révolutionnaire, indispensable. Mais il est tout à fait possible d’agir sur ses comportements pour limiter ses achats.

Comme l’indique James Clear, auteur d’« Un rien peut tout changer », une habitude est souvent le fruit d’un élément déclencheur. On se lève à la sonnerie du réveil. On allume une cigarette lorsqu’on prend son café, etc.

En supprimant la source, on peut donc réduire l’exposition aux publicités. Cela peut se faire en se désabonnant des emails commerciaux et de ventes privées. En rencontrant ses amis à l’extérieur plutôt qu’au centre commercial. Ou en bloquant les publicités dans son navigateur internet.

Une autre parade consiste à temporiser ses envies du moment.

Dans son livre « The practicing mind », Thomas Sterner raconte comment il a appris à sa fille aînée à éviter les achats superflus.

Sa cadette s’étant offert un bâton sauteur flambant neuf pour son anniversaire, sa grande sœur se sentit un peu lésée avec le sien. Certes aussi performant, mais au look nettement moins branché.

Elle aussi en voulait un nouveau. Son père lui proposa alors de patienter quinze jours pour laisser passer ce désir passager, à la suite de quoi il lui en achèterait un si elle ressentait toujours ce besoin.

Finalement, passé le délai, sa fille aînée n’en avait plus rien à faire. Ce test des 2 semaines apparaît donc comme une solution efficace pour laisser passer l’émotion du moment et juger de l’intérêt réel d’un achat.

Il existe bien d’autres astuces encore, comme retirer un budget hebdomadaire en liquide plutôt que d’utiliser sa carte bancaire en permanence.

Bien entendu, la simplicité volontaire ne se limite pas à réduire sa consommation. Elle invite à repenser en profondeur son mode de vie, un pas à la fois.

Comment se lancer dans la simplicité volontaire ?

Il existe mille approches et ses préférences seront guidées par ses besoins personnels et ses aspirations.

Pour démarrer, voici 3 pistes à explorer.

1. Faire un grand ménage

Selon la loi de Pareto, 20% de causes produisent 80% des effets. Il s’agit d’un principe de répartition universel.

Appliqué aux possessions, il en découle qu’une minorité de ses vêtements est portée la plupart du temps, ou qu’une portion de ses objets est utilisée le plus couramment.

Il est donc possible de se libérer d’une bonne partie de ses biens matériels sans se sentir dépouillé. Par exemple, en commençant par trier ses biens pour ensuite donner, vendre ou jeter ce qui ne sert plus.

Et si le doute subsiste, rien de tel que de se poser la question. Cet objet sera-t-il utilisé un jour ? Répond-il à un besoin réel ou une envie véritable ? Selon les réponses, il sera conservé ou évacué.

Ce ménage peut aussi s’opérer avec des règles simples.

Par exemple, tout ce qui n’a pas été utilisé ces 6 derniers mois est vendu, donné ou jeté, selon le choix le plus évident pour soi. Tout ce qui n’a pas été utilisé depuis un mois est mis de côté. Au bout de 6 mois, on décide de supprimer ou de garder.

C’est souvent un grand soulagement de se débarrasser des choses qui encombrent l’espace, mais aussi la tête.

La vie devient plus simple, plus claire et plus agréable.

2. Opérer de petits changements au quotidien

Adopter la simplicité volontaire, ça peut commencer par changer de toutes petites choses. Là encore, il suffit de se laisser porter par les choix les plus simples, naturels et évidents pour soi.

Cela peut être d’installer un compost pour réduire ses déchets ménagers. De remplacer l’eau en bouteille par celle du robinet qu’on va filtrer, ou de fabriquer ses produits ménagers. On peut décider de se déplacer à vélo, même électrique, ou en covoiturage autant que possible.

Toutes les facettes de sa vie peuvent être concernées : les achats, l’alimentation, le travail, le transport, son rapport à la nature, l’organisation, la famille, les loisirs…

Encore une fois, il n’y a pas de niveau à atteindre. Chacun applique les changements qui lui correspondent, peu importe leur ampleur ou leur nature.

3. Réserver du temps pour soi

Il y a aura toujours plus de choses à faire que de temps disponible. Il est donc nécessaire d’établir des priorités.

Une façon simple de procéder est de réserver des blocs de temps chaque semaine dans son agenda. Deux heures le mercredi pour pratiquer une passion. Un après-midi par semaine dédié aux enfants. Le samedi pour développer une nouvelle activité ou prendre du temps pour soi…

Cela évite de se laisser porter en continu au gré des circonstances ou d’attendre en vain d’avoir enfin du temps pour s’occuper de l’essentiel.

Ces 3 principes n’ont rien de révolutionnaire. Mais leur application concrète dans la vie de tous les jours permet de poser les premières pierres d’une vie plus harmonieuse.

Continuer comme si de rien n’était ou prendre le virage ?

Pandémie ou pas, la société de consommation ne va pas s’arrêter demain. Mais chacun a la capacité de prendre sa vie en main.

En commençant par changer son regard sur le matérialisme, en identifiant ce qu’on veut vraiment et en modifiant peu à peu ses comportements, il devient possible de bâtir une vie différente, dans laquelle on se sent bien.

Chaque changement volontaire, aussi petit soit-il, participe un peu plus à la construction d’un monde plus juste et plus joyeux. Alors, pourquoi ne pas commencer dès à présent ?

Photo © lightkeeper

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2 commentaires

Julien l'Organisologue dit

Salut Clément!

Félicitation pour la publication de ce bel article (avec un message fort que je soutiens)!

La simplicité volontaire est une idée qui a probablement grandie avec « l’aide » du COVID.

Ce qui est clair: les petits changements font une immense différence quand on agit avec régularité.

D’abord faire fonctionner… puis améliorer.

Julien

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    Clément dit

    Salut Julien,

    Oui, ça a sans doute accéléré les choses.

    Merci beaucoup pour ton commentaire !

    Clément

    Répondre
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